Les otites

Examen des oreilles d'un Singapura

L’otite est une inflammation du conduit auditif.

Il s’agit d’une pathologie extrêmement fréquente chez nos carnivores domestiques.

Elle peut avoir de nombreuses origines dont certaines seront responsables d’otites récidivantes.

Quelques informations utiles…

L’oreille externe est l’organe de perception des ondes sonores.

  • Elle comporte le pavillon auriculaire et le conduit auditif externe.
    Chez les carnivores domestiques, ce conduit a la forme d’un L.
  • Le tympan est une fine membrane qui sépare l’oreille externe de l’oreille moyenne.
  • L’oreille moyenne est l’organe de transmission des ondes sonores. Elle comprend le tympan, les osselets, la trompe d’Eustache et la bulle tympanique.
  • L’oreille interne est l’organe de perception des ondes sonores (elle assure la transduction du bruit en un signal électrique) et de l’équilibration (elle joue un rôle dans la perception de la position du corps dans l’espace et assure ainsi l’équilibre de l’ensemble du corps)

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Les différents types d’otites

L’otite externe

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Il s’agit d’une inflammation du conduit auditif externe jusqu’au tympan. Elle est extrêmement fréquente chez nos animaux domestiques.

Elle s’accompagne d’importantes démangeaisons. L’animal se frotte ou se secoue les oreilles en permanence. Il peut éprouver une vive douleur et refuser qu’on examine son oreille.

En fonction de la cause et du stade d’évolution de l’otite, une vive douleur, des sécrétions brunes à noirâtres ou encore du pus pourront être observés au bord du conduit auditif. Une très mauvaise odeur est souvent associée à ces sécrétions (odeur de beurre rance).

L’otite moyenne

L’otite moyenne est liée à une affection qui concerne les bulles tympaniques.

Elle peut être associée à une otite externe mais peut également concerner exclusivement l’oreille moyenne. Dans ce cas, aucun écoulement ni aucune anomalie n’est perceptible à l’examen direct du conduit auditif.

portrait expressif d'un cavalier king Charles au regard tendreNéanmoins l’animal présentera divers symptômes évocateurs d’une otite :

  • Comme lors d’otite externe, seront remarqués par
  • Des signes de démangeaisons et de douleur :
  • le chien ou le chat se plaint dès qu’on touche la base de son oreille
  • il agite la tête
  • Une gêne et une vive douleur peuvent être observés quand l’animal mastique ou ouvre la gueule.

Il peut, par ailleurs souffrir de :

  • surdité
  • éternuements ou écoulements nasaux
  • inflammation de toute la sphère ORL
  • troubles neurologiques avec :
    • Diminution de la production de larmes
    • Paralysie d’une moitié de la face (un côté de la face semble comme “relâché” avec une paupière qui reste mi-close et une babine tombante qui laisse couler la salive)
  • Enfin, une tête maintenue penchée en permanence peut être fortement évocatrice de la présence d’une otite moyenne.

L’otite interne

Elle est moins fréquente et ne sera pas abordée dans cet article.

Les diverses causes d’otites

Les otites bactériennes ou fongiques

Plusieurs types de bactéries (Staphylocoques, Pseudomonas…) et de levures (Malassezia) peuvent se développer dans le conduit auditif, provoquant l’apparition d’une otite.

Ces otites sont alors associées à des sécrétions purulentes et à une odeur très désagréable.

Plusieurs facteurs vont favoriser ces otites :

  • Le conduit auditif se trouve, dans les conditions normales, à une température et un taux d’humidité constants.
  • Il contient, par ailleurs, une microflore particulière (des bactéries et levures bien précises, présentes de manière naturelle dans l’oreille, assurent un certain équilibre et l’absence d’apparition d’infection)
  • Tout ce qui va détruire cette flore naturelle et modifier les conditions d’humidité et de température du conduit auditif va favoriser le développement de levures et bactéries pathogènes provoquant l’apparition d’une inflammation et donc d’une otite.

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C’est le cas lors de :

  • Nettoyages trop fréquents, trop “décapants” des oreilles ou réalisés avec des produits inadaptés
  • Présence de “bourres de poils” au bord de l’oreille qui obstruent le conduit auditif, provoquant l’accumulation de cérumen, une importante macération et secondairement des infections.
  • Baignades répétées de l’animal avec pénétration fréquente d’eau dans les oreilles (syndrome du “chien baigneur”)
  • Morsures profondes à proximité de l’oreille (notamment lors de bagarres entre chats) qui vont s’infecter et favoriser le développement de bactéries pathogènes dans le conduit auditif
  • lésions infectieuses de la face qui, non traitées, vont pouvoir s’étendre jusqu’à l’oreille.

Les parasites

Certains parasites peuvent être à l’origine de l’apparition d’une otite du fait de l’inflammation qu’ils engendrent dans le conduit auditif.

Le parasite le plus fréquemment rencontré est un acarien appelé Otodectes cynotis responsable de la “gale d’oreille” (voir article intitulé la gale auriculaire)

Ce parasite est très contagieux et sa présence devra tout particulièrement être suspectée lors de l’arrivée d’un nouvel animal à la maison ou chez des animaux ayant accès à l’extérieur et donc fréquemment en contact avec leurs congénères (chats explorateurs…)

D’autres parasites tels que les “aoûtats” ou les demodex peuvent également favoriser l’apparition d’otites.

Les corps étrangers

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De petits corps étrangers comme les épillets de graminées peuvent venir se loger dans le conduit auditif notamment à la suite d’une promenade dans des herbes hautes ou d’une partie de chasse.

(lire aussi « attention aux épillets!« )

Ces corps étrangers vont provoquer une inflammation voire une infection et pourront aller jusqu’à perforer le tympan et créer une otite moyenne.

Une otite provoquée par un corps étranger est unilatérale.

Les allergies

Les animaux présentant un terrain allergique sont particulièrement sensibles aux otites.

En effet, comme chez l’humain, certains chiens ou chats vont présenter une “hypersensibilité” à certains éléments.

Les substances responsables de ces allergies peuvent être d’origine :

  • alimentaire
  • environnementale (allergie aux acariens, aux pollens, aux piqûres de puces…)
    Ces allergies favorisent de façon importante l’apparition d’otites.

L’otite sera parfois le seul signe évocateur de l’allergie mais elle est le plus souvent associée à d’autres signes cliniques comme des démangeaisons importantes, des troubles cutanés dans d’autres régions du corps, en particulier le pourtour des yeux, les extrémités ou encore toutes les zones de peau très fine.

Les otites provoquées par ces allergies présentent un caractère récidivant.

Tumeurs et polypes

Les tumeurs et les polypes inflammatoires du conduit auditif sont assez rares chez les chiens mais sont rencontrés fréquemment chez les chats.

Les tumeurs du conduit auditif touchent généralement des chats assez âgés (10 ans en moyenne). Elles sont le plus souvent malignes et elles peuvent concerner l’oreille externe et/ou l’oreille moyenne.

Les polypes inflammatoires sont des masses lisses, roses, bénignes qui se développent dans le conduit auditif, le plus souvent chez de jeunes chats.

Ce sont les masses les plus fréquemment rencontrées dans l’oreille chez le chat.

Elles peuvent être directement visibles à l’examen du conduit auditif externe si elles se développent dans l’oreille externe mais peuvent également prendre naissance dans l’oreille moyenne (au niveau de la trompe d’Eustache) ou encore dans le naso-pharynx (au fond de la gorge)

L’animal atteint présente des signes visibles d’otite si le conduit auditif externe est concerné, des signes neurologiques si la masse est présente dans l’oreille moyenne ou des signes respiratoires si le polype prend naissance dans le naso-pharynx.

Les polypes peuvent être présents chez le chaton dès la naissance ou se développer en réaction à une inflammation, une infection des voies respiratoires (rhinite, laryngite, pharyngite…) impliquant des virus ou des bactéries qui progressent jusqu’à l’oreille.

Ces polypes ne se développent, le plus souvent, que dans une oreille.

Autres causes

Des maladies dites auto-immunes ou certaines dysendocrinies (comme l’hypothyroïdie) vont elles aussi favoriser le développement d’otites.

De très nombreuses causes peuvent provoquer une inflammation puis une infection du conduit auditif.

Toute otite, en particulier lorsqu’elle est chronique, doit s’accompagner d’une recherche attentive de l’un de ces facteurs favorisant.

Diagnostic

Une otite externe est mise en évidence par l’examen du conduit auditif à l’aide d’un otoscope.

Cet examen permet de constater l’inflammation du conduit auditif ainsi que l’éventuelle présence de sécrétions, de vérifier l’absence de masse visible ou de corps étranger dans l’oreille et d’observer l’état du tympan.

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Lors d’otites récidivantes ou persistantes, un examen cytobactériologique des sécrétions prélevées dans l’oreille va permettre de savoir si des levures sont en cause, si des bactéries sont présentes et, dans ce cas, quelle famille d’antibiotiques sera la plus efficace pour les éliminer.

Lors d’otites moyennes, un examen à l’otoscope peut révéler des anomalies mais, la plupart du temps, le conduit auditif semble tout à fait normal car les lésions se situent en-arrière du tympan.

Le diagnostic d’otite moyenne nécessite alors la réalisation d’autres examens tels que

  • des radiographies (une ou les deux bulles tympaniques apparaissant anormale(s) sur le cliché)
  • des examens tels que scanner ou IRM

 

2010-08-06_205206-JCTedit(0).jpgTraitement

Le traitement d’une otite consiste à :

  • Lutter contre l’inflammation
  • Éliminer bactéries et levures lorsqu’elles sont présentes dans le conduit auditif

Otites externes

Lors d’otite externe, des traitements locaux seront instillés dans les oreilles.

Plusieurs règles doivent être respectées pour s’assurer de guérir l’otite :

Le vétérinaire réalise à la clinique un nettoyage approfondi du conduit auditif. Vous devrez ensuite effectuer, vous aussi, un nettoyage régulier des oreilles pour permettre la guérison de votre animal.

En effet, l’excès de cérumen et les débris cellulaires qui stagnent au fond du conduit favorisent, non seulement, les surinfections mais ils empêchent également le contact direct entre la paroi du conduit auditif et le produit traitant, ce qui diminue très nettement l’action de ce dernier.

Il est donc recommandé de nettoyer les oreilles de votre animal tous les 3 ou 4 jours pour éliminer ces saletés.

Éviter l’emploi de coton-tiges qui vont repousser les sécrétions dans le fond du conduit. Un nettoyant auriculaire adapté aux carnivores domestiques va permettre de décoller le cérumen présent dans le conduit auditif, cérumen qui sera ensuite retiré grâce à un simple morceau de coton.

Les produits traitants locaux sont très concentrés en antibiotiques et anti-inflammatoires et la voie d’administration locale est donc la plus adaptée au traitement de l’otite externe.

Ce traitement doit, par contre, être effectué correctement afin d’être efficace.

Comme nous l’avons évoqué précédemment, le conduit des carnivores domestiques a la forme d’un L.

L’introduction des pommades ou solutions traitantes uniquement au bord du conduit auditif ne permet donc pas une pénétration jusqu’au tympan.

Il convient de bien introduire l’embout en profondeur dans le conduit auditif (les embouts des traitements auriculaires sont tous souples et adaptés à l’anatomie de l’oreille des chiens et chats). Pour cela, l’oreille de l’animal sera délicatement tirée vers le haut et l’embout, maintenu vertical, glissé quasiment entièrement dans le conduit.

 

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Parfois, de très importants remaniements inflammatoires ont provoqué des modifications marquées de la structure de l’oreille : La paroi du conduit est alors très épaissie voire calcifiée et l’animal se plaint dès qu’on y touche, ce qui rend le traitement très difficile.

Ne vous découragez surtout pas ! 

Le vétérinaire procédera alors à une anesthésie pour réaliser un premier nettoyage soigneux de l’oreille puis il pourra mettre en place un traitement anti-inflammatoire par voie générale pour limiter l’inflammation et vous permettre, après ces quelques jours de “traitement d’attaque”, une application plus aisée des traitements locaux.

Otites moyennes

Les traitements locaux ne pénètrent pas à travers le tympan. Ils n’ont donc d’intérêt dans le traitement d’une otite moyenne que si une otite externe lui est associée.

L’inflammation de l’oreille moyenne est, elle, traitée à l’aide d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires administrés par voie générale pendant 4 à 6 semaines.

Dans les cas les plus avancés (otite externe avec remaniements extrêmement importants du conduit auditif ou otite moyenne ne répondant pas à un traitement médical), une chirurgie peut être nécessaire (abaissement du conduit auditif, trépanation des bulles tympaniques voire ablation du conduit auditif dans les cas les plus graves).

Traitement de la cause favorisante

Le traitement d’une otite doit absolument tenir compte d’un éventuel facteur déclenchant qui, s’il n’est pas décelé, rend toute guérison illusoire :

Un traitement acaricide devra obligatoirement faire partie des médicaments utilisés pour guérir une “gale des oreilles”

Ces traitements existent sous forme de pipettes à appliquer sur la nuque de l’animal (sélamectine, mélange imidaclopride et moxidectine) ou de pommades à appliquer localement .

Ces parasites étant très contagieux, tous les animaux du foyer doivent absolument être traités.

Une otite liée à la présence d’un corps étranger ne pourra guérir qu’après le retrait de ce corps étranger

Lorsqu’une hypersensibilité à certains éléments est à l’origine des otites, des dispositions doivent être prises pour limiter tout risque d’allergie :

Une alimentation hypoallergénique sera distribuée lors d’allergie alimentaire

Des produits antipuces seront appliqués régulièrement et des traitement anti-allergiques (traitements anti-acariens, anti-histaminiques, corticoïdes, désensibilisation…) seront utilisés en parallèle au traitement propre de l’otite en cas d’hypersensibilité à des allergènes environnementaux.

Les pièges à éviter…

Mon chien a maintenant l’oreille propre. J’arrête le traitement

Attention, compte tenu de la forme en L du conduit auditif de nos animaux domestiques, seule une infime partie du conduit est visible à l’œil nu.

Le chien ou le chat pourra avoir cessé de se gratter, de se plaindre et son oreille pourra sembler parfaitement guérie alors que des germes sont encore présents dans le fond du conduit auditif.

Tout arrêt du traitement doit donc absolument être précédé d’une visite chez le vétérinaire qui examinera le conduit jusqu’au tympan et pourra juger de la guérison de l’otite.

Un arrêt trop rapide du traitement va favoriser la persistance dans le fond du conduit de bactéries devenant progressivement résistantes à de nombreux traitements auriculaires et provoquant l’apparition de nouvelles otites de plus en plus difficiles à guérir.

Mon chien a de nouveau mal à une oreille.
Je vais le traiter avec le produit que le vétérinaire m’avait délivré pour sa précédente otite.

Toute suspicion d’otite doit être accompagnée d’une visite chez le vétérinaire.

En effet, deux otites successives n’ont pas forcément la même origine.

Le précédent traitement ne sera donc pas forcément efficace.

Pire, traiter une otite sans examen préalable du conduit auditif va empêcher :

  • de déceler un corps étranger
  • de mettre en évidence une tumeur ou un polype
  • de visualiser une lésion du tympan (sachant que l’administration de très nombreux traitements locaux des otites est formellement contre-indiqué lors de perforation du tympan et peut entraîner de graves effets secondaires)

Lors d’otite, les effets du traitement instauré sont généralement très rapides et les signes de douleur et de démangeaisons disparaissent souvent en seulement quelques jours. Face à la multitude de tâches à accomplir au quotidien et les plaintes de l’animal ayant cessé, l’otite est vite oubliée et la durée du traitement préconisée par le vétérinaire n’est bien souvent pas respectée.

Pourtant, une visite de contrôle chez le vétérinaire doit absolument avoir lieu pour la réalisation d’un examen soigneux du conduit auditif et la confirmation de guérison de l’otite sous peine de récidive rapide.